Confrontation et révolte
rétrospectivement, l’événement qui a précipité la révolte de mai semble assez anodin. En 1967, des étudiants du campus de Nanterre de L’Université de Paris avaient organisé des manifestations contre les restrictions sur les visites en dortoir qui empêchaient les étudiants et étudiantes de dormir ensemble., En janvier 1968, lors d’une cérémonie d’inauguration d’une nouvelle piscine sur le campus, le leader étudiant Daniel Cohn-Bendit attaque verbalement François Missoffe, ministre français de la jeunesse et des Sports, se plaignant que Missoffe n’ait pas répondu aux frustrations sexuelles des étudiants. Missoffe suggère alors à Cohn-Bendit de refroidir ses ardeurs en sautant dans la piscine, après quoi Cohn-Bendit répond que la remarque de Missoffe est exactement ce que l’on attend d’un régime fasciste., Cet échange valut à Cohn-Bendit une réputation de provocateur antiautoritaire, et il acquit bientôt un public presque sectaire parmi la jeunesse française.
en Mars, une attaque contre le bureau D’American Express Dans le centre de Paris a entraîné l’arrestation de plusieurs étudiants. Quelques jours plus tard, lors d’une manifestation de soutien aux étudiants sur le campus de Nanterre, D’autres étudiants sont arrêtés, dont Cohn-Bendit lui-même qui, selon la rumeur, est menacé d’expulsion (il sera finalement expulsé fin mai). Le mouvement du 22 Mars, qui a fait pression pour la libération des étudiants arrêtés, a émergé en réponse.,
début mai, craignant une escalade des manifestations, le doyen de Nanterre a fermé le campus-rétrospectivement, une décision fatidique. Les étudiants n’ayant pas le droit de manifester à Nanterre, ils décident de porter leurs doléances à la Sorbonne, au cœur du Quartier Latin de Paris. Le 3 mai, le recteur de la Sorbonne a officiellement demandé à la police de dégager la Cour de l’université, où quelque 300 étudiants s’étaient rassemblés., Les arrestations massives qui ont suivi-menées avec l’aide des CRS (Compagnies Républicaines de sécurité), la police nationale antiémeute—ont déclenché une violente résistance des passants, qui ont commencé à bombarder la police de pavés retirés des rues et à ériger des barricades. La police a répondu par des gaz lacrymogènes, des coups de massue et d’autres arrestations. Le recteur de la Sorbonne a fermé l’Université, ce qui a encore incité les étudiants., Les leaders étudiants proposent alors une grande marche et un rassemblement pour le 10 mai afin de réclamer la réouverture de la Sorbonne, la libération des étudiants encore détenus par la police et la fin de la présence policière intimidante dans le Quartier Latin.
La Nuit des Barricades—10-11 mai 1968—reste une date légendaire de l’histoire française d’après-guerre. Par le nombre de manifestants dans la ville avait atteint près de 40 000., Après que la police a bloqué le chemin des manifestants vers la rive droite et l’ORTF (office de Radiodiffusion Télévision Française), les étudiants ont de nouveau commencé à enlever des pavés et à ériger des barricades pour se protéger—une scène qui reste l’une des images durables du mouvement de Mai. Vers 2h00 du matin du 11 mai, la police a attaqué, tirant des gaz lacrymogènes et frappant des étudiants et des passants avec des matraques. La confrontation sanglante s’est poursuivie jusqu’à l’aube., Au moment où la poussière s’était dissipée, près de 500 étudiants avaient été arrêtés et des centaines d’autres avaient été hospitalisés, dont plus de 250 policiers. Le quartier Latin était en ruines et la sympathie du public pour les étudiants, déjà considérable, augmentait.
c’est à ce moment que ce qui avait commencé comme un mouvement de protestation universitaire pour la réforme de l’éducation est venu engloutir toute la France., Les aspirations des étudiants se sont développées rapidement à mesure que le succès de leur mouvement semblait ouvrir de nouvelles possibilités de changement radical, y compris le démantèlement des structures politiques autoritaires et la démocratisation des institutions sociales et culturelles allant de l’éducation aux médias et au-delà. Les jours suivants ont vu la plus grande grève générale sauvage de l’histoire de France, alors que des millions de travailleurs affluaient dans les rues pour soutenir les étudiants ainsi que pour présenter leurs propres revendications., Au cours de la grève, des dizaines d’usines—dont celles du constructeur automobile français Renault—ont été saisies par les travailleurs.
l’État français a été fortement ébranlé, mais il a réussi à surmonter la crise. Après sa fuite timorée à Baden-Baden, De Gaulle est revenu à Paris pour prononcer un discours radio dramatique du 30 mai dans lequel il a brandi le spectre d’une prise de pouvoir communiste. En réalité, cependant, le Parti communiste français avait depuis longtemps abandonné le rêve d’une prise de pouvoir révolutionnaire, acceptant plutôt un rôle limité dans l’ordre politique français., En effet, les communistes se sont d’abord opposés—et même tournés en dérision—aux manifestants étudiants. Trois jours avant le discours de De Gaulle, les communistes négocient les accords de Grenelle, aux termes desquels les travailleurs recevront des augmentations de salaire substantielles et de meilleures conditions de travail. Cependant, les travailleurs rejetèrent avec colère les accords et les grèves continuèrent., Dans l’un de ses coups de maître politiques, de Gaulle a également utilisé son discours pour annoncer qu’il allait dissoudre l’Assemblée nationale et convoquer de nouvelles élections pour le 23 juin, en supposant à juste titre que le peuple français était prêt pour un retour à la stabilité. Il a également menacé implicitement d’utiliser l’armée pour imposer l’ordre si les forces d ‘ « intimidation” et de « tyrannie” ne reculaient pas. Pendant ce temps, des centaines de milliers de personnes à travers le pays ont défilé dans des contre-manifestations en soutien à de Gaulle., Bien que les grèves et les manifestations étudiantes se poursuivent jusqu’en juin, le mouvement étudiant perd progressivement de son élan et le parti de De Gaulle remporte une victoire éclatante. Dix mois plus tard, cependant, un pari similaire de De Gaulle—un référendum national sur la réorganisation régionale et la réforme du Sénat—a échoué, et la carrière politique du général a pris une fin abrupte et ignominieuse.